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Je viens de terminer la lecture de quelques billets postés sur le blog "Futur des communautés" et je me sens un petit peu embarassée.
Voilà que nous avons un groupe supposé parler du futur des communautés, mais dont le sous-titre - au vu de ce que j'en lis- serait plutôt :"la communauté va nous aider à développer notre business".
Est-ce que nous devons démarrer une communauté ? Est-ce que nous devons rejoindre d'autres communautés et y accroître nos relations ? Qu'est-ce qui motive les gens à rejoindre une communauté ? En quoi les tags peuvent nous aider ? Devons nous avoir un wiki ? Un blog ? Telle grande marque est un bon exemple de communauté. "La sagesse de foules". La croissance des revenus. Evangéliser les clients.
Tout cela est si loin de tout ce que j'ai connu. Je n'ai vu cela dans aucune "communauté" online ou offline que j'ai fréquentée. Je me demande où je suis. Cela me fait penser aux membres de cette association "Word of Mouth Marketing" (Association pour le Bouche à Oreille) quand ils ont découvert l'existence des réseaux P2P. Je me demande ce que va devenir notre groupe sur le Futur des communautés.
Et je me souviens du moment où Francois m'a demandé de participer à ce groupe : je lui avais alors dit que je serais une vraie emmerdeuse (a royal pain in the rss). Alors, je vais l'être.
Personnellement, je pense que le mot Communauté est devenu un mot à la mode, criard, qui mènent les marketers affamés par le bout du nez et les guident vers de soit-disant nouvelles frontières. Les bonnes vieilles recettes marketing de l'an dernier ne produisent plus les mêmes effets et ne génèrent plus les mêmes félicitations en provenance des Directions Générales. Ces bons vieux budgets sont plutôt ressentis comme de la pollution culturelle que comme la future voie d'un art vainqueur. Le bouche à oreille lui-même ne génère pas plus de réactions que la plus intelligente des campagnes virales : c'est à dire à peine un regard amusé. Les marketers, accrochés à leurs jobs sur Madison Avenue et à leur excursion annuelle au festival de Sundance, seraient donc finalement prêts à gaspiller un peu de leur "précieux temps" pour construire une communauté pour les marques dont ils portent les budgets.
Non. Nous ne le ferons pas. Nous sommes des marketers. Qu'est ce que nous en aurions à faire des photos du chaton de Shari sur MySpace si nous n'avions pas l'intention de vendre à Shari une nouvelle automobile ? Est-ce que nous aimerions traîner toute la journée dans Second Life en attendant qu'un client veuille bien rentrer dans notre boutique virtuelle ? Non. Non et non... Je ne connais pas la plupart des gens qui participe au groupe du Futur des communautés, et je suis que ce sont des gens épatants (dans le bon sens du terme), mais ce que je sais c'est que eux et moi sommes des marketers. Nous sommes payés pour aider nos clients à vendre des trucs. Et plus nous restons silencieux sur ce dernier point et plus notre industrie devient malhonnête.
Je me combats moi-même tous les jours. J'oscille entre un marketer et être un consommateur. Chaque fois que je pense avoir trouvé la paix avec ça, je glisse et je tombe à nouveau. En particulier à propos de communautés.
Quel que soit ce qui motive les gens à se rassembler (et les motivations sont nombreuses car ce sont des humains), quel que soit ce qui forme des consensus temporaires ou à long terme, et qui peut ensuite devenir ou non une communauté, c'est une expérience personnelle. Quand cela concerne l'expérience personnelle, on ne peut pas jouer avec. C'est comme la fois où cette fille très populaire à l'école s'est assise à côté de vous et s'est enfin mise à vous parler. Vous êtes rentré chez vous, tout content. Votre confiance en vous s'est accrue. Et puis vous avez découvert qu'elle voulait juste sortir avec votre grand frère. Ca craint, hein ?
Je ne veux pas être sarcastique. Je suis juste sur la défensive et effrayée. On m'a déjà fait le coup plein de fois. J'ai eu trop de filles les plus populaires de l'école qui voulaient être mon amie pour finalement me retrouver à la table des nerds à me faire traiter de naïve. Ca me rend amère. Je me suis débarassée de ma TV depuis des années. J'utilise Firefox pour ne pas avoir de publicités pop-up sur mon écran. J'ai les meilleurs filtres anti-spam. Bien sûr, je consomme. Je consomme comme une dingue. Je suis accro à Sephora. J'ai régulièrement des coupons de réduction pour tout l'argent que je laisse chez Banana Republic. Une fois, j'ai compté 78 paires de chaussures dans mon armoire (de la folie !). Je suis le rêve du marketer et son pire cauchemar à la fois.
Ma communauté est censée être ici, parmi les "marketers avec une âme" ou plus exactement les gens que Francois a rassemblé ici pour être certaine que le mot "communauté" ne soit pas galvaudé.
Je sais que quelque part, nous avons envie de prouver à nos client revêches que la communauté a un bon R.O.I. Nous connaissons la réponse. C'est assez simple. C'est là où les humains commencent et là où les client/consommateurs/utilisateurs/membres de la communauté/appelez-les-comme-vous-voulez commence. Nous pouvons et allons atteindre une partie profonde de nous mêmes (ce que nous sommes tout d'abord et avant tout) et nous allons nous rendre compte qu'entrer dans l'expérience personnelle de quelqu'un d'autre en essayant de lui vendre quelque chose, et bien, ça n'est pas cool. Nous devons accepter de nous perdre dans la communauté. Nous devons être les avocats de nos communautés. Nous devons renverser la chaîne de commandement et revenir vers nos patrons et nos clients en leur disant que leurs produits nuisent à l'environnement, exploitent les ouvriers, ne doivent pas être testés sur les animaux, tombent en pièces, rendent les gens accro, génèrent des problèmes de santé, blessent nos enfants,... Nous devons ramener l'esprit de la communauté à l'intérieur des organisations et changer les choses. Nous ne devons pas infiltrer pour vendre nos trucs.
Oui, le rôle des marketers change. Je crois au futur. Nous ne travaillons pas pour des marques et des compagnies. Nous travaillons pour les clients.
Voilà, c'est ça ma communauté. Je ne la vois pas ici. Mon rôle est de l'ouvrir et de dire "Ca ne se fera pas".
Et ça ne se fera pas.
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Et plus largement faire en sorte que quelques projets puissent rejoindre le DossierSuccès.